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Retour sur le Forum international pour le Bien vivre

 

Aujourd’hui, nos sociétés se fondent sur une croissance économique infinie sans appréhender son impact sur notre environnement et la pérennité des conditions de vie sur terre. Au-delà des biens acquis, comment inclure le sentiment de bien vivre des individus pourtant indispensable à la vie en communauté, dans les indicateurs de développement d’un pays ? C’est la question à laquelle des intervenants venus du monde entier ont tenté de répondre à Grenoble, du 6 au 8 juin 2018.

Un système à bout de souffle

Le PIB, indicateur économique visant à calculer le niveau de développement d’un pays, représente la somme des richesses produites sur un territoire donné en une année. Dans nos sociétés axées sur l’idée d’une croissance infinie, il s’agit de l’indicateur par excellence. Or, il ne comptabilise pas le bien être, la santé, ni la qualité de vie des habitants.  Face aux alarmes socio-environnementales toujours plus pressantes, force est de constater qu’il est désormais nécessaire de trouver d’autres indicateurs de référence plus complets et pérennes.

C’est l’ambition que s’est donné le Forum international pour le Bien vivre qui s’est tenu à Grenoble suite à un partenariat exceptionnel entre le CCFD-Terre Solidaire, le Réseau FAIR, la ville, la métropole de Grenoble et l’université Grenoble Alpes. Premier évènement du genre en Europe, il a réuni plus de mille intervenants. Du Bhoutan à la Bolivie en passant par le Zimbabwe, des économistes, philosophes, politiciens, scientifiques et représentants associatifs se sont alliés à des citoyens engagés et curieux pour penser ensemble un autre monde. Avec une centaine d’ateliers, conférences et débats, les sujets brassés ont été aussi divers que les participants.

Qu’est-ce que le bien vivre?

Le Buen Vivir en espagnol, est une traduction de l’adage quechua « Sumak Kawsay », qui peut être défini selon Pablo Solon – ambassadeur de la Bolivie aux Nations unies de 2009 à 2011 – comme « une vie douce et harmonieuse ». Ce concept indigène relie l’homme, la nature, les animaux en un tout dans lequel chacun doit trouver son propre équilibre. Mais cette vision du monde, bien qu’inspirante, peut-elle réellement trouver sa place dans nos sociétés capitalistes ? Le Bien vivre est aujourd’hui une action politique, fondée sur des principes philosophiques ancestraux. Elle peut orienter des nouveaux indicateurs économiques, qui, faute de remplacer le PIB, peuvent aussi le compléter. Ainsi, le Bhoutan a inscrit le bonheur de ses habitants dans sa constitution, au même titre que la Bolivie et l’Équateur, et s’est doté d’un nouvel indicateur : le Bonheur National Brut (BNB).

Une philosophie universelle

Qu’on l’appelle Buen Vivir ou Tao, le bien vivre est au centre de nombreuses philosophies traditionnelles à travers le monde. Le Bonheur National Brut bhoutanais, s’il n’est pas transposable en tant que tel aux autres régions du monde, peut être adapté aux différents contextes locaux. C’est ce qu’explique l’économiste Florence Jany-Catrice, économiste et administratrice de la Fondation Terre Solidaire, relatant une expérience dans le Nord-Pas-de-Calais, où a été testé un indicateur de santé sociale. Verdict : des régions avec un PIB élevé pouvaient avoir un faible niveau de santé sociale. La solution serait-elle donc la création d’indicateurs locaux, plus proches des spécificités des territoires et des populations?

Durant ces trois jours, de nombreuses questions ont été abordées, et de nombreux projets formulés. Mais la plus grande réussite du forum est la cohésion qu’elle a pu permettre, en donnant à des individus de pays, cultures et de langues différentes l’occasion de réaliser que les philosophies du bonheur dépassent les frontières. Durant ces trois jours, ils ont démontré que penser de nouveaux paradigmes n’est pas une utopie, mais constitue un véritable objectif, concret et réalisable.

ENSEMBLE, accélérons la transition écologique et solidaire