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Ceux Qui Font Demain pour la planète 4ème édition

Article rédigé par Aurélien Dufour, étudiant à l’Ecole de journalisme de Cannes

Jeudi 23 novembre se tenait la quatrième rencontre de Ceux Qui Font Demain pour la planète. L’occasion pour cinq intervenants d’horizons variés de présenter comment participer à la transition écologique dans leur domaine.

« Donner la parole à des personnes engagées pour un nouvel art de vivre pour la planète. » Voilà comment Philippe Mayol, directeur général de la Fondation Terre Solidaire, décrit cette 4ème rencontre de Ceux Qui Font Demain (CQFD) pour la planète. Le 23 novembre à l’Académie du Climat à Paris, Jules Stimpfling, co-fondateur du média Le Crayon, a animé et donné successivement la parole à Rafaella Scheer, Anne-Sophie Novel, Maël Besson, Siméon Baldit de Barral et François Pasteau. Une humoriste, une journaliste spécialisée dans les alternatives écologiques , un expert de la transition écologique du sport, un explor’acteur ou encore un chef qui ont dévoilé les pistes – à leur échelle – pour contribuer à la transition écologique.

« Venir planter des graines chez des personnes par forcéments sensibilisées »

La première à prendre la parole à l’Académie du Climat, c’est Rafaella Scheer. L’humoriste est cofondatrice du Greenwashing Comedy Club, un collectif d’humoriste traitant le changement climatique sur un angle personnel : l’impact sur les relations avec les amis, la famille, au boulot… Pendant plusieurs minutes, Rafaella fait la démonstration de ce que l’on peut retrouver lors des spectacles du collectif.

L’humoriste débute par un « green-bouh ». Le principe ? Crier « green » pour des initiatives écoresponsables, et huer pour le contraire. Avec en ligne de mire Bernard Arnault, PDG de LVMH, ou Total. « Enfin, Total Énergies, car avant ils faisaient du pétrole, maintenant ils font du pétrole et du marketing » ironise Rafaella.

« On n’amène pas du contenu, mais plutôt des éclairages avec un angle décalé. Après notre spectacle, on envoie aux spectateurs des ressources sur les thèmes abordés. »

Rafaella Scheer

Le but du Greenwashing Comedy Club, c’est aussi de « faire péter le bouchon de la cocotte-minute ». Comprendre : décompresser un peu en rigolant autour de ces sujets-là, sans pour autant diminuer leur importance. « Les images du changement climatique ne sont pas très drôles. Notre but, c’est de réunir les gens pour rigoler autour de ça, pas pour dire que ce n’est pas grave, mais pour reprendre des forces et continuer à agir », développe Rafaella Scheer. Car l’humour, « c’est un super moyen pour travailler sur mon éco-anxiété », témoigne-t-elle, après avoir sondé l’éco-anxiété du public à l’applaudimètre.

« Je rêve de médias médiateurs », Anne-Sophie Novel

Pour continuer à agir en faveur de la transition écologique, les médias ont un rôle à jouer. En septembre 2022 était rédigée la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique. Un document signé par des dizaines de médias, des boîtes de productions, des syndicats, des écoles de journalisme et plus de 1500 journalistes. À l’initiative, on retrouve entre autres Anne-Sophie Novel, journaliste indépendante. Depuis, la spécialiste des alternatives écologiques est sursollicitée pour former professionnels et étudiants.

« Depuis janvier, j’ai dû former 300 journalistes, estime celle qui enseigne des cours à l’IJBA (Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine) et l’ESJ (École Supérieure du Journalisme) Lille. Je me rends compte que les choses changent, qu’il y a une très belle volonté Mais je me rends compte aussi qu’il y a une forme de résistance, que des gens ne comprennent pas pourquoi il faut rappeler que le changement climatique est lié aux activités humaines, que la technologie seule ne nous sauvera pas… » Et la co-fondatrice de Disclose d’illustrer : « Il y a toujours des reportages qui continuent de vanter l’avion pas cher ou le Black Friday. » Ce dernier élément apparaît en total contradiction avec l’un des points les plus importants de la Charte, invitant les journalistes à « éviter les images éculées et les expressions faciles qui déforment et minimisent la gravité de la situation » du changement climatique.

« Il faut remettre des éléments de compréhension [dans nos productions] avec un journalisme plus constructif montrant les réponses possibles aux problèmes »

Anne-Sophie Novel

En-amont de la rédaction de cette Charte, Anne-Sophie Novel a cherché à « réfléchir au rôle véritable de l’information, à son efficacité pour sauver le monde », après avoir constaté que des individus, très au courant des enjeux climatiques, n’agissaient pas. L’auteure de nombreux livres sur notre rapport à l’information (Les médias, le monde et nous, Actes Sud, octobre 2019 ; Mieux s’informer, Actes Sud, mars 2023) craint que l’écologie ne devienne un sujet clivant.

Pour éviter de tomber dans cette impasse, l’économiste de formation devenue journaliste « pour mettre les questions d’écologie à la une » liste quatre points de réflexions. Le premier, « réfléchir à la teneur de nos débats », et éviter de tomber dans une radicalité trop extrême, empêchant d’entrer dans la nuance et la complexité des thèmes Il faut ainsi – c’est le deuxième point – « remettre des éléments de compréhension [dans nos productions] avec un journalisme plus constructif montrant les réponses possibles aux problèmes », poursuit Anne-Sophie, évoquant le journalisme de solution. Mais également – c’est le troisième point – trouver les solutions pour parler du climat sans lasser le public ni que ce soit anxiogène. Car un trop grand nombre de personne ne savent pas encore exactement définir le changement climatique développe Anne-Sophie Novel dans son quatrième point.

« Il faut s’autoriser à ce que ce soit différent », Maël Besson

Le sport et l’environnement sont liés. Le premier, impacte le deuxième en remplissant d’eau les bassins olympiques, en utilisant de la neige artificielle pour certaines compétitions l’hiver ou en voyageant tout autour du globe pour suivre les circuits internationaux de Formule 1 ou de Moto GP. Mais l’environnement influence la pratique sportive des professionnels et des amateurs avec des journées de canicules plus nombreuses, l’entretien toujours plus difficile des gazons, le manque de neige…

Face à ce constat, la solution, c’est de « s’autoriser à ce que ce soit différent », scande Maël Besson. Le spécialiste de la transition écologique dans le sport évoque la capacité d’adaptation du sport. Faire du biathlon sur roues et non sur ski à la montagne, et ainsi ne pas utiliser de neige artificielle, par exemple. « Il y a aussi des solutions organisationnelles comme modifier les calendriers, optimiser les circuits internationaux ou instaurer des pauses fraîcheurs », développe l’ancien chef de la mission de développement durable au Ministère des Sports.

Le fondateur de l’agence de transition écologique dans le sport « Sport 1.5 » propose de « lister ce que l’on aime dans le sport : l’adrénaline, la performance sportive, les émotions, et ensuite voir comment peut-on les combiner à l’aune du changement climatique. Des JO de montagne ne pourraient-ils pas répondre autant à nos besoins que des JO d’hiver ? », s’interroge Maël Besson. En attendant, les JO asiatiques d’hiver vont devenir des JO du désert, en Arabie Saoudite, en 2029.

« Voyager bas carbone pour plus d’intensité et de créativité », Siméon Baldit de Barral

« Ne perdez plus votre temps dans l’avion. » Voilà comment Siméon Baldit de Barral débute son intervention à l’Académie du Climat. L’auteur d’un tour du monde à vélo dénonce l’omniprésence des pubs pour les avions. « On voit très souvent des pubs pour l’avion et on a réduit nos imaginaires à voyager = avion. J’ai envie de rouvrir vos imaginaires en vous disant que l’on peut voyager autrement que par l’avion », lance-t-il. Puis de citer les trains – de jour comme de nuit – permettant de se déplacer à travers l’Europe, le ferry, le voilier, le kayak, le vélo évidemment et même à pied.

C’est d’ailleurs de là que l’histoire de Siméon Baldit de Barral a commencé. Le stop. « J’en ai fait quand j’étais étudiant d’abord pour faire des économies et aller barouder. Puis j’y ai pris goût. », relate-t-il. C’est d’ailleurs en stop qu’il a rencontré la personne qui l’a convaincu de faire un tour du monde en vélo. De juillet 2012 à septembre 2013, il parcourt avec son cousin Alexandre plus de 18.000 kilomètres à travers 24 pays et 3 continents. Il le concède, il a dû prendre l’avion pour relier le Kirghizstan et l’Inde, puis le Laos, suivi du Vietnam au Pérou, puis du Brésil au retour à Paris. « Au final, on a eu une empreinte carbone d’un Français moyen, souffle Simon. On a décidé de replanter des arbres pour compenser, mais j’en reste pas surconvaincu. On a voulu faire apparaître ce questionnement dans notre documentaire. »

« Si on veut aller découvrir le patrimoine, pourquoi aller dans des lieux hyper touristiques où on aura à peine le temps de faire sa photo Instagram ?»

Siméon Baldit de Barral

Après leur voyage, Siméon et Alexandre ont réalisé un documentaire grâce aux vidéos qu’ils ont pris tout au long de ces 13 mois. Mais ils ont aussi fondé On The Green Road. Une association qui encourage au tourisme vert. Le but, c’est aussi de questionner les raisons de notre envie de voyager, et ensuite choisir son ou ses modes de transports. « Si on a envie de prendre le temps, de prendre un bain de nature, pourquoi aller au bout du monde et le stress aéroportuaire ? Si on veut aller découvrir le patrimoine, pourquoi aller dans des lieux hyper touristiques où on aura à peine le temps de faire sa photo Instagram ? », interroge-t-il la salle. « Voyager bas carbone pour plus d’intensité et de créativité », estime Siméon, qui encourage également à redécouvrir sa ville, sa région et aussi à voyager en échangeant avec les diasporas.

Surtout, voyager doux permet de prendre son temps, de faire des rencontres, d’en ressortir et au final « d’en apprendre plus que pendant cinq ans d’études », sourit le diplômé en ingénierie. Pour encore inciter les réticents à se mettre au tourisme vert, il a créé Vaya Campus. Un programme de cinq mois pour former celles et ceux intéressés par « la réalisation de reportages engagés » et de voyager d’une manière « soucieuse du vivant et de sa diversité », peut-on lire sur le site de l’association. Sur la même idée que Maël Besson, il faut s’autoriser à ce que ce soit différent. « On peut tous continuer à voyager en voyageant autrement, moins souvent, plus longtemps…, énumère Siméon Baldit de Barral.

« Sauver le climat, cela passe par acheter des produits de très grande qualité », François Pasteau

22%. Soit la part de l’alimentation sur nos émissions de gaz à effet de serre en France, selon les chiffres du gouvernement. Au-delà de cette seule pollution, il y a les déchets, le gaspillage, et l’impact de la surconsommation sur la biodiversité. Pour toutes ces causes, François Pasteau s’est engagé dans une cuisine responsable. « Je n’utilise que des poissons issus de la pêche durable, dont l’espèce n’est pas menacée, et la taille suffisamment grande pour qu’il ait eu le temps de grandir », illustre le chef, en citant toutes les applications existantes pour choisir correctement son poisson (Ethic Ocean).

François Pasteau a également appris « à mettre plus de végétaux et moins de protéines animales » dans ses plats, « un exercice difficile car le poisson ou la viande, ça a toujours été la star des assiettes ». Il a d’ailleurs eu l’idée d’inverser les appellations, en mettant les légumes en avant, tout en faisant preuve de pédagogie avec ses clients.

« Et si une des solutions ne serait pas de revaloriser les agriculteurs, les moyens de pouvoir réinvestir, de s’adapter au changement climatique, de sortir des énergies fossiles en modernisant leurs outils de travail ?»

François Pasteau

Le conseiller culinaire a également créé une association, Bon Pour le Climat, où l’on retrouve des recettes éco-responsables, la liste des adhérents répartis à travers la France mais aussi un éco-calculateur. Le principe ? Rentrer les aliments présents dans son assiette, le grammage, et la machine calcule l’empreinte carbone du plat.

Enfin, François Pasteau a mis la lutte contre le gaspillage à son menu. Il faut limiter ses déchets « par respect aux agriculteurs sans qui on ne saurait vivre et sans qui la gastronomie française ne saurait exister », expose-t-il. Pour soutenir les agriculteurs, il faut « les payer à leur juste valeur ». « Et si une des solutions ne serait pas de revaloriser les agriculteurs, les moyens de pouvoir réinvestir, de s’adapter au changement climatique, de sortir des énergies fossiles en modernisant leurs outils de travail ? », s’interroge François. Et d’évoquer un possible retour à la viticulture, au maraîchage, à la distribution locale, sans intermédiaire.

Mais pour cela, il faut donc payer plus cher nos aliments. « Pour sauver le climat, cela passe en achetant des produits de très grande qualité. Une viande de grande qualité moins à la cuisson, un poisson de grande qualité est utilisable jusqu’au bout… Tous ces petits gestes permettent de faire des économies et ne coûtera pas plus cher », estime-t-il.

Rire, s’informer, faire du sport, voyager, manger. Autant d’action du quotidien que l’on peut tous mobiliser en faveur de la transition écologique et contre le changement climatique.

La sobriété est une option heureuse qui produit une vie allégée, tranquille et libre. Le bonheur n’est pas dans la possession, dans l’avoir, mais dans l’être.

Pierre rabhi

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Contact presse

Axel Morais
Mail : axel.morais2@gmail.com
Tél : 06 75 75 60 00

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