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EuropaCity : un projet à rebours des enjeux de transition

Un « Dubaï Mall » aux portes de Paris ?

Alors que le chiffre d’affaire des grandes surfaces en France stagne (pour rappel, la France compte le plus grand nombre d’hypermarchés par habitant en Europe. En outre la plupart des 100 premiers hypermarchés français sont en régression de chiffre d’affaires) et que la prise de conscience de la nécessité de changer nos modes de consommation (développement des circuits courts par exemple) progresse, ce projet de méga-complexe commercial ne peut que poser question.

Ainsi, le groupe Auchan (via sa filiale « Alliages et Territoires ») a confirmé le 13 septembre son projet d’ouvrir en 2024 une zone commerciale d’une ampleur inédite en France à 10 km de Paris dans le Val-d’Oise. Sur plus de 80 hectares, EuropaCity rassemblerait 230 000 m2 de galeries commerçantes, un parc d’attraction, un parc aquatique, un centre de conférence, des pistes de ski, 2700 chambres d’hôtel, une offre culturelle, etc. De fait, EuropaCity ne peut que rappeler les centres commerciaux gigantesques qui existent aux Emirats Arabes Unis comme le célèbre Dubaï Mall d’une surface totale de 112 ha.

Photo : EuropaCity
Photo : EuropaCity

Ce projet est soutenu par l’Etat et la région Ile-de-France qui se sont également engagés à mobiliser 1 milliard d’euros de financements publics pour construire les infrastructures d’accès à l’EuropaCity.

Comme pour tout investissement de cet ampleur, les porteurs du projet abondent généreusement leurs argumentaires de chiffres forts (3,1 milliards d’euros d’investissements privés, 11 800 emplois directs créés, 30 millions de visiteurs prévus) mais aussi de termes dans l’air du temps (concept nouveau, architecture futuriste, projet éco-responsable). Ces chiffres – qui à l’usage s’avèrent souvent invérifiables voire non fondés – sont là pour impressionner  et convaincre du bien-fondé économique de ce projet auprès des populations et des élus confrontés à des problématiques de chômage endémique. Une surenchère à côté de laquelle les contre-arguments sont vite taxés de passéisme, voire de défaitisme.

Le symbole d’un modèle de société à rebours des enjeux de transition écologique et sociale.

Ce mégaprojet, situé à 2km du Bourget – où ont été pris les engagements de la France lors de la COP21 – interroge. Par ses projections économiques bien sûr. Dans une région parisienne déjà saturée de centres commerciaux, une telle zone répond-elle à un besoin futur du territoire ? Se dirige-t-on réellement vers la création nette de 11.800 emplois, ou bien vers un transfert d’autant emplois détruits ailleurs par l’arrivée de ce mégacomplexe ? Est-ce par des projets de ce type que les politiques publiques imaginent le développement économique futur des territoires ?

Pour la Fondation Terre Solidaire, « ce mégacomplexe va à l’encontre de l’urgence actuelle d’adresser les grands enjeux environnementaux » comme la rareté des ressources, la perte accélérée de la biodiversité, la multiplication des risques sanitaires environnementaux, pour assurer l’avenir et le bien-être de l’humanité. Alors que l’on désespère de voir les politiques publiques s’engager dans une véritable inflexion pour favoriser un changement dans les modes de consommation et de production, un tel mégaprojet ne peut que s’apparenter à une fuite en avant d’un modèle consumériste condamné à terme et à une opération financière qui ne répond pas aux intérêts actuels et futurs des habitants de la région.

ENSEMBLE, accélérons la transition écologique et solidaire