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Sommet de l’avenir, dialogue et soutien pour le climat

Article rédigé pour la Fondation Terre Solidaire par Gaspard Fraboulet

À la veille de l’Assemblée générale des Nations Unies, s’est tenu le sommet de l’avenir, du 20 au 23 septembre 2024 à New-York. Nouvellement créé par l’ONU, ce sommet vise à « restaurer une confiance érodée et démontrer que la coopération internationale permet d’atteindre de manière efficace les objectifs convenus ».
Rassemblant les chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier, il est censé donner un nouveau souffle à l’ONU.

Sortir d’une ONU empêtrée

Derrière ce sommet se cache un homme : António Guterres. L’initiative du secrétaire général des Nations unies s’inscrit dans une dynamique plus large depuis son arrivée à la tête des Nations Unies : essayer tant bien que mal de rafraîchir cette institution.
Créée en 1945, l’ONU est souvent accusée d’être inefficace, notamment face à des défis peu présents lors de sa création, comme le dérèglement climatique.

Il faut dire que côté environnement, l’ONU semble être dans une position compliquée. Elle n’a commencé à se saisir véritablement de ces enjeux qu’avec la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC) en 1992. Depuis, de nombreux sommets se sont succédés, de nouveaux protocoles ont été ajoutés. Pour autant, le grand nombre de COP (27), ainsi que les six sommets de la Terre et autres événements n’ont pas fait significativement évoluer les choses.
Évidemment certains pays se sont engagés à respecter leurs engagements notamment ceux prix dans l’Accord de Paris, mais sans aujourd’hui un réel changement. La faute notamment à l’absence de sanction réelle en cas de non-respect de ces engagements.

Sommet de l'avenir

C’est donc dans ce contexte alarmiste et critique pour l’organisation qu’Antonio Guterres appuyé par des Etats comme l’Allemagne ou la Namibie a proposé aux Etats la tenue de ce Sommet de l'avenir. Marqueur de la volonté d’avancer, il s’inscrit dans le cadre du Rapport commun mis en place afin de concrétiser le Programme 2030 , plan pour le développement durable.
Par ce sommet, l’ONU cherche donc à impliquer d’autant plus les acteurs, tout en maintenant une certaine pression sur eux, en leur rappelant leurs objectifs et leur engagement.

Que s’est-il passé à ce sommet de l'avenir ?

Le maître-mot de ce sommet était véritablement « confiance ». Les initiateurs du projet avaient bien conscience qu’une des raisons des échecs passés était le manque de discussions entre les Etats et autres acteurs. Ainsi, dans une volonté de clarté presque westphalienne, les dirigeants mondiaux sont parvenus à s’accorder sur un texte principal : le Pacte pour l’avenir.
Avec ses deux annexes (déclaration sur les générations futures et pacte numérique mondial), il est l’aboutissement de ce sommet.

Comme son nom l’indique, il vise à statuer sur le futur de la société mondiale et de tout ce dont elle dépend. C’est ainsi qu’il compte un important volet sur les défis climatiques, la biodiversité et le développement durable.

Sommet de l’avenir : un sommet vert ?

Dans le Pacte pour l’avenir, douze mesures ont été décidées concernant « le développement durable et le financement du développement ».
Parmi elles, on peut retrouver la volonté de « combler le déficit de financement des objectifs de développement durable dans les pays en développement » en consacrant « 0,7 pour cent de leur revenu national brut à l’aide publique au développement ».
Nœud gordien pour l’ONU, elle veut « renforcer les mesures prises pour lutter contre les changements climatiques » en contenant à moins de deux degrés le réchauffement climatique.

D’autres mesures sont prises dans ce pacte comme le sport au nom du développement durable, ou la préservation de la biodiversité.
En réalité, sur les douze mesures, sept concernent véritablement l’environnement. Le reste concerne la pauvreté, l’égalité et autres domaines, moins liés à la Terre.

Un sommet vraiment efficace ?

Deux semaines après, il est possible de se rendre compte de l’impact de la déclaration. Sans grande surprise, le sommet n’a pas fait beaucoup de vagues.
Le texte ne comporte lui-même pas d’objectifs nouveaux et précis, et encore moins de solution concrètement applicable.
Du fait de son aspect , les réactions ont été modérées et se sont retrouvées noyées au milieu des autres déclarations de l’Assemblée générale.

Toutefois, regarder la visée du texte permet peut-être mieux de comprendre pourquoi il n’a pas suscité un enthousiasme flagrant.
Son intérêt peut être vu d’abord comme déclaratif. À travers les lignes et dans les discours, on pouvait déjà comprendre fin septembre qu’il n’allait rien révolutionner. Mais était-ce vraiment son objectif ?

Le Sommet de l’Avenir a ravivé les débats autour de la gouvernance mondiale. Si l’ONU reste une plateforme cruciale pour les discussions internationales, beaucoup s’interrogent sur sa capacité à faire face aux défis actuels. Les mécanismes de décision, basés sur des consensus difficiles à atteindre, s’avèrent souvent inefficaces. De plus, les tensions géopolitiques, notamment entre les grandes puissances, paralysent fréquemment les efforts de coopération internationale.

Clairement affiché, ce sommet était donc surtout l’occasion pour les Etats de renouer un dialogue, perdu au fil des conflits et autres. Et sur ce point, il a réussi : seule la Russie s’y est opposée sans bloquer le texte.
Au cours de plusieurs discours de responsables politiques mondiaux, certains ont salué ce pacte, d’autre l’ont qualifié de « boussole ». En dépit des critiques sur son efficacité, il aura réussi à unir les nations sur des sujets complexes comme l’environnement.

Ainsi, ce sommet ne restera sûrement pas gravé dans l’histoire. Mais quel autre peut l’être pour son efficacité ? En revanche, il a le potentiel de dynamiser en profondeur le Programme 2030, qui lui marquera, à condition qu’il soit couronné de succès, les esprits.

L’avenir de ce sommet n’est pas encore connu. Reprogrammé ou supprimé, l’ONU n’a pas encore communiqué dessus. Son éphémérité marquerait véritablement sa mission d’impulsion pour 2030, là où son prolongement serait aussi signe de coopération entre Etats, à condition de ne pas tomber dans les mêmes pièges que d’autres sommets de ce type…

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