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#1 conférence Sport et climat : « Sport et écologie : je t’aime moi non plus ? »

Article rédigé pour la Fondation Terre Solidaire par Enzo E Silva

En cette année olympique, la Fondation Terre Solidaire, fondation reconnue d’utilité publique qui œuvre pour la transition écologique et solidaire, et Vent Debout, le podcast qui remet le sport à sa place politique, organisent un cycle de conférences intitulé “Sport & Climat”. Avec des spécialistes du sujet (chercheurs, entrepreneurs, dirigeant.es, athlètes), ces trois événements seront l’occasion de réfléchir à la relation du monde sportif avec l’écologie, dans un contexte de dérèglement climatique et sous différents aspects (économique, pratiques sportives, industriel, événementiel).

sport et écologie

Ce jeudi 25 avril 2024, la Fondation Terre Solidaire inaugurait son nouveau cycle de conférences nommé « Sport et climat ». En donnant la parole à divers acteurs de la sphère sportive, la Fondation Terre Solidaire associée au podcast Vent Debout a souhaité mettre en avant les raisons et les solutions de la relation plutôt conflictuelle entre le sport et le climat.
Clothilde Sauvages, co-fondatrice et autrice du podcast Vent Debout, a animé les échanges entre nos trois autres invités : Azaïs Perronin, journaliste radio et athlète membre des climatosportifs, Adil El Ouadehe, directeur technique de l’UFOLEP, et Maël Besson, expert en transition écologique du sport et fondateur de l’agence SPORT 1.5.

Les contraintes du sport de haut niveau

Journaliste et athlète de niveau national sur 800m, Azaïs Perronin nous a apporté son expérience en tant que sportive de haut niveau. Selon elle, en athlétisme, les méthodes de qualification des athlètes devraient être revues à l’international par exemple. Comme elle nous l’explique, dans certains sports, les athlètes sont contraints de voyager pour continuer de viser le top niveau. Mais à qui la faute ? Pour certaines fédérations, la faute aux clubs, pour certains clubs, la faute aux fédérations. La patate chaude saute donc de mains en mains, sans jamais trouver celles d’un responsable.

Au-delà des contraintes de déplacements et donc de transports, la question de la saisonnalité, souvent négligée, a également été abordée. Loin d’être simplement une question d’organisation logistique, la saisonnalité dans le sport de haut niveau pose des défis écologiques et soulève des questions importantes sur la durabilité et la responsabilité environnementale. Pour de nombreux sports, la saisonnalité est un élément crucial. Les sports d’hiver dépendent des conditions hivernales, de même, les sports d’été, tels que l’athlétisme ou le tennis, prospèrent lors des mois les plus chauds. Cette dépendance saisonnière crée une pression supplémentaire sur les athlètes et les organisations sportives pour maintenir des performances optimales tout au long de l’année, souvent en dépit des variations climatiques et environnementales. Les infrastructures nécessaires pour accueillir ces événements peuvent avoir un impact significatif sur les écosystèmes locaux, notamment en termes de déforestation pour la construction d’installations sportives ou d’hôtels.

La question de la compatibilité du modèle de consommation des sportifs de haut niveau avec les enjeux climatiques a également été abordée. Dans le monde du sport de haut niveau, l’équipement est roi. Des chaussures de course ultralégères aux vélos dernier cri en passant par les combinaisons de compétition haute technologie, les athlètes sont souvent incités à investir dans les dernières innovations pour rester compétitifs. Cependant, la production et la distribution de ces équipements peuvent avoir un impact environnemental considérable. De plus, les ressources liées à l’hébergement des athlètes qui voyagent fréquemment pour participer à des compétitions ou à des entraînements génèrent d’importantes émissions de carbone. Par ailleurs, les exigences en matière d’hébergement pour les équipes peuvent entraîner une utilisation intensive de l’énergie et des ressources locales, contribuant ainsi aux problèmes environnementaux. La nutrition est aussi un aspect essentiel de la performance sportive, et de nombreux athlètes de haut niveau adoptent des régimes alimentaires spéciaux pour optimiser leurs performances. Cependant, la production de certains aliments, en particulier les protéines animales, peut avoir un impact environnemental significatif en termes d’utilisation des terres, de consommation d’eau et d’émissions de gaz à effet de serre.

Le mythe du sportif

Depuis toujours, la sphère sportive est très à part dans l’esprit collectif, ce qui le décentralise des autres sphères, notamment dans les médias. Ce traitement unique s’oppose à l’écologie qui se veut davantage transversale, ce qui complique donc son intégration dans le monde sportif. Pour beaucoup, le sport doit rester du divertissement et ne doit donc pas entrer en contact avec des sujets sérieux tels que le climat. Au sein de notre société, le sport est devenu le mythe où tout (ou presque) est acceptable. Cette vision est peu compatible avec celle de la transition écologique, où l’imagination d’un nouveau modèle est absolument essentielle afin de répondre à la crise. Mais alors comment intégrer l’aspect écologique tout en préservant la performance et l’émotion du sport que l’on aime tant ?

Nos intervenants ont évoqué la capacité d’influence positive des grands sportifs sur le sujet. Quand Cristiano Ronaldo repousse deux bouteilles de Coca-Cola qui étaient placées devant lui en conférence de presse pour les remplacer par de l’eau, c’est de plusieurs millions de dollars que chute la valeur boursière de la marque. Cela met en lumière la capacité des personnalités sportives influentes à avoir un impact tangible en dehors du terrain de jeu, pour promouvoir des messages qui vont au-delà du sport.

Le sport pratiqué par Madame et Monsieur « Tout le monde »

Selon Adil El Ouedehe, directeur technique du pôle « Sport et Société » de l’UFOLEP, « la base » est émettrice d’une grande influence sur le « haut », mais les citoyens ne doivent cependant pas endosser l’entièreté de la responsabilité, car ce n’est pas l’ensemble de la population qui résiste. En effet, les politiques doivent agir également, et c’est cette recherche de complémentarité qui amènera à une acceptabilité grandissante. Selon nos invités, cette acceptabilité est un élément central pour faire bouger les choses de manière structurelle. Après avoir évoqué la charte des 15 engagements écoresponsables, Maël Besson nous parle « d’objectifs ». Pour lui, les objectifs à long terme doivent être de l’ordre du légal. Il cite par exemple l’éco-conditionnement des subventions pour les événements sportifs.

Nos invités ont également abordé la question des équipements nécessaires à un développement plus écologique du sport de tous les jours. En effet, au-delà des « petits gestes », nos trois intervenants sont d’accord sur le fait qu’il faut complètement repenser le système des équipements liés au sport au global.

Maël Besson œuvre à la transition écologique du sport depuis une vingtaine d’année. Ancien chef du bureau Sport et Développement Durable du Ministère des Sports et ancien responsable « Sport » au WWF France, Maël Besson a participé à la définition de plusieurs politiques sportives et piloté un grand nombre de projets structurants.

Il a également contribué à de nombreux travaux et commissions notamment de l’UNFCCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques), du CNTE (Conseil National de la Transition Ecologique), de la Stratégie Nationale pour la Biodiversité (SNB), de l’Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique, de nombreuses commissions du CIO, CNOSF, USC, Sporsora, EELV et de fédérations sportives françaises etc

Adil El Ouedehe est Directeur technique national adjoint en charge du pôle « Sport et Société » au sein de l’Union Française des Œuvres Laïques d’Éducation Physique (UFOLEP), secteur sportif de la Ligue de l’enseignement.

Azaïs Perronin travaille principalement sur les sujets sport et société en traitant de l’écologie et des questions de genre eu sein du sport. Athlète membre des climatosportifs, elle s’engage pour la transition écologique du sport.

La conférence sera animée par Clothilde Sauvages.

Clothilde est co-fondatrice et autrice du podcast Vent Debout. Elle est également entrepreneure spécialiste des sujets de justice sociale et climatique.
Clothilde a été pendant 5 ans porte parole du collectif Ouishare et co-directrice des projets événementiels du collectif. Elle est aussi une ancienne sportive de haut niveau.

Pour voir ou revoir la conférence :

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