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#4 Conférence Jeunes et climat : nouvelle génération artistique et crise climatique

Article rédigé pour la Fondation Terre Solidaire par Enzo E Silva

Pour clôturer son cycle de conférences intitulé « Jeunes et climat », la Fondation Terre Solidaire a donné la parole à Alice Audouin, Emmanuel Tibloux, Simon Chaouat et Nicolas Verschaeve afin d’aborder la question de la nouvelle génération artistique et la crise climatique et comment l’art peut contribuer à la création de nouveaux récits.

Ce jeudi 25 janvier 2024, la Fondation Terre Solidaire clôturait son cycle de conférences intitulé « Jeunes et climat ». Par le biais de ces échanges, la fondation donne la parole aux jeunes afin de pouvoir mieux comprendre leurs actions en faveur du climat.
Après avoir évoqué le rapport des jeunes à l’entreprise au regard de la crise climatique au regard de la crise climatique lors de la précédente conférence, la dernière conférence du cyle jeunes er climat abordait la perspective de la nouvelle génération artistique face à cette même crise.

Emmanuel Tibloux, directeur de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD), a animé cet échange. Il était accompagné d’Alice Audouin, présidente et fondatrice d’Art of Change 21, Simon Chaouat, co-fondateur du studio Niveau Zéro Atelier, et Nicolas Verschaeve, designer et coordinateur pédagogique du programme Design des Mondes Ruraux de l’EnsAD.

Emmanuel Tibloux, directeur de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD), a animé cet échange. Il était accompagné d’Alice Audouin, présidente et fondatrice d’Art of Change 21, Simon Chaouat, co-fondateur du studio Niveau Zéro Atelier, et Nicolas Verschaeve, designer et coordinateur pédagogique du programme Design des Mondes Ruraux de l’EnsAD.

Une nouvelle génération artistique qui travaille avec le déjà là

Évoluant au rythme des préoccupations sociétales contemporaines, les jeunes artistes intègrent naturellement la perspective de la crise climatique dans leur travail. Face à l’épuisement des ressources de notre planète, les défis sont de taille pour les entreprises, comme nous l’évoquions dans la conférence précédente, mais également pour les artistes. Afin de privilégier la réutilisation, la nouvelle génération artistique semble prête à créer avec le « déjà là », et à innover au service de la durabilité.

Simon Chaouat évoque notamment un de ses projets au sein du Niveau Zéro Atelier, en collaboration avec la Société du Grand Paris, dans lequel lui et son collectif ont créé une sculpture à partir des terres excavées issues des chantiers du Grand Paris Express. Ce type de réalisation permet la découverte de nouvelles manières de réemployer les terres des chantiers. L’idée est donc de confronter le projet à un contexte, et de créer à partir de ce contexte plutôt qu’à partir d’une idée préconçue.

Face à cette vision, la crise apparaît donc comme une donnée. Comme le dit Alice Audouin par la suite : « ce n’est pas une cause que nous prenons comme thème de travail, mais une époque qui comprend la crise climatique comme donnée ». Les intervenants sont unanimes à ce sujet, le climat n’est pas « une thématique choisie » mais bien une réaction à la crise.

L’art de s’adapter aux nouveaux récits

Les œuvres possèdent une capacité unique à nous mobiliser et à inventer de nouveaux récits pour agir. Pour cela, Nicolas Verschaeve est notamment en charge du programme de Design des Mondes Ruraux de l’EnsAD. Avec ce programme, les étudiants sont en totale immersion dans le monde rural, et sont de véritables « résidents ».

À travers un travail par l’enquête, ils étudient trois thématiques principales : le maillage alimentaire, l’identité du territoire, et la question du genre. Ce travail immersif des designers ou encore des architectes permet une meilleure compréhension des zones rurales souvent laissées à l’abandon. Cet intérêt des « résidents » permet par ailleurs de redonner une certaine fierté de leurs terres aux habitants.
Par ce genre d’initiatives, les étudiants de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs cherchent à faire de la culture un levier de lutte contre le réchauffement climatique.

Photo d’un Maskbook. Maskbook est un projet international de l’association Art of Change 21, artistique et participatif lancé en 2015 à l’occasion de la COP21. Il adresse des enjeux environnementaux majeurs : la pollution de l’air, le réchauffement climatique, les déchets, les pandémies.

Afin de soutenir cette génération et de lui apporter une façon de réfléchir via l’éco-conception, Alice Audouin a fondé Art of Change 21. Très admirative de cette nouvelle génération artistique et de sa vision, l’association récompense les artistes engagés dans la lutte contre la crise climatique, sans en faire une réelle compétition. C’est pour cela qu’Art of Change nomme plus de vingt lauréats, avec également des prix collaboratifs qui récompensent les travaux entre artistes, ou entre artistes et scientifiques par exemple.

En conclusion, cette conversation entre nos quatre intervenants a été un véritable témoignage de l’engagement de la nouvelle génération artistique face aux défis cruciaux de la crise climatique. Le travail de ces jeunes avec l’esprit des lieux, leur histoire et leur contexte permettent d’utiliser de nombreuses ressources cachées dans les territoires. Ils interagissent avec cette réalité, non pas comme une cause isolée, mais comme un contexte omniprésent qui influence leur expression artistique. Le cycle « jeunes et climat » se clôture donc sur une note positive, mettant en lumière le pouvoir transformateur de l’art dans la construction d’un environnement davantage résilient et conscient de son impact.

Pour le prochain cycle, la Fondation Terre Solidaire abordera les nouveaux défis climatiques auxquels fait face le monde du sport.

Pionnière du développement durable depuis 2001, Alice Audouin est spécialisée sur la relation entre l’art et l’environnement. Engagée sur le plan associatif depuis 2008, elle est la présidente fondatrice de l’association Art of Change 21, parrainée par l’artiste Olafur Eliasson. Agissant à échelle internationale, Art of Change 21 soutient les jeunes artistes engagés dans l’environnement et les accompagne dans la maîtrise de leur impact environnemental.
Alice Audouin est la commissaire de nombreuses expositions d’art contemporain autour des enjeux environnementaux, dont « Novacène », (Gare Saint Sauveur, Lille, 2022) ou « Biocenosis » (Congrès Mondial de l’UICN, Marseille, 2021). Ancienne co-initiatrice de Novethic (CDC) et ancienne directrice du développement durable dans de grandes organisations, Alice Audouin mène également une activité de consultante en développement durable pour les secteurs de la culture et du luxe.

Après avoir été diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris en 2020, Simon Chaouat co-fonde Niveau Zéro Atelier, un studio de recherche et de création actif dans les champs de l’architecture, du design et des arts plastiques. L’atelier développe une pratique centrée sur l’investigation du territoireet propose une pratique multi-échelle, allant de l’expérimental à l’ultra- fonctionnel, pouvant faire appel aussi bien à la spéculation qu’à la construction pure et simple. En mettant en place une méthode de travail localisée, il s’agit de rentrer dans un cycle créatif avec les lieux qui les accueillent

Nicolas Verschaeve (BE-LUX) est designer, diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Il nourrit sa pratique d’une attention sensible à nos manières d’habiter le monde et porte un regard critique quand à la production d’objets, d’espaces, d’images et de pensées. A bord de son atelier mobile, il ouvre des espaces de recherche situés qui l’engagent à composer avec les données sociales, culturelles, historiques et techniques de chaque contexte pour en révéler la singularité. Évoluant dans les champs de la culture, de l’édition et de la transmission, Nicolas accorde un soin particulier aux relations et une rigueur vis-à-vis du dessein des formes. Leur émergence est guidée par les lois de la matière, par les gestes de ceux qui la transforment et par les processus artisanaux ou industriels investis pour en faire usage. Il envisage dès lors la discipline comme un moyen de révéler les interdépendances invisibles et sous-jacentes à la construction de notre monde physique.

Emmanuel Tibloux est directeur de l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs. Il a dirigé plusieurs écoles supérieures d’art et design et présidé l’Association nationale des écoles supérieures d’art (ANdEA) de 2009 à 2017. Il a par ailleurs une activité éditoriale et d’écriture soutenue et intervient régulièrement dans la presse, sous forme de tribunes, articles ou entretiens sur l’art, le design, la culture et l’éducation.

Pour voir ou revoir la conférence en ligne :

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